Depuis la fin des années 1920, l’administration française cherchait désespérément un pays pouvant remplacer l’Indochine dans la fourniture de riz aux régions déficitaires de l’Afrique Occidentale Française (AOF). Autrefois autosuffisante, voire exportatrice de riz, la Guinée est devenue dans les années 1950 l’un des greniers à céréales de l’AOF. Sous la colonisation, les politiques sociales se résumaient à des luttes sanitaires pour protéger les colons, à des assurances pour les fonctionnaires et à des retraites pour certains privilégiés. L’éducation priorisait la formation de subalternes pour le système colonial. Ce n’est qu’en 1945 que l’enseignement guinéen fut aligné sur celui de la métropole.
Après l’indépendance de 1958, la Guinée opta pour le socialisme et l' »État providence ». La protection sociale devint universelle : dispensaires, hôpitaux, médicaments rendus accessibles. L’éducation de masse fut instaurée en 1959, sans discrimination. En 1968, des réformes inspirées de la révolution culturelle introduisirent les langues nationales dans l’enseignement. L’émancipation des femmes progressa, avec l’abolition de la polygamie et la nomination d’une femme ambassadrice à l’ONU. Pour assurer l’autosuffisance alimentaire, de nombreuses facultés d’agronomie furent créées.
En 1984, le pays rompit avec le socialisme. Le libéralisme s’imposa, le secteur privé se développa dans la santé et l’éducation. Les politiques d’ajustement structurel entraînèrent des réformes douloureuses : mises à la retraite anticipées, privatisations… Une nouvelle politique foncière vit le jour, reconnaissant les droits coutumiers. Néanmoins, l’accès des femmes à la terre resta limité.
Depuis 2010, le pays mise sur ses ressources hydroélectriques et minières. Mais les expropriations menacent l’agriculture familiale. La COVID-19 a creusé les inégalités sociales et de genre. Près d’un tiers des Guinéens estiment que les femmes ne devraient pas participer aux décisions politiques, leur place étant à la maison. 77% pensent qu’une femme ne doit s’engager en politique qu’avec la permission de sa famille. Des défis immenses restent donc à relever pour une société plus juste et inclusive !